Hôtel La Manigua. Voilà une drôle de coïncidence. La situation du barrage imposé par la guérilla avait retenu à Florencia tant de commis voyageurs venus de la Colombie et de l’étranger que les chambres vacantes étaient devenues une rareté. J’ai dû parcourir la ville, poireauter dans plusieurs halls d’hôtel aux allures accueillantes, Le Caquetá Royal, Le Tour de l’Amazonie, Le Sommet du Chairá, La Plaza des Andaquíes, pour me retrouver dans un bâtiment étroit et sombre, sans aucun système de ventilation. Je suis un homme du littoral, habitué à la chaleur la longueur de l’année. Mais là-bas, dans la Costa, la mer apporte toujours une brise qui soulage et revitalise. Par contre, l’humidité d’ici marine les corps et les choses, la peau des gens et les feuilles des livres jaunissent en quelques heures, l’asphalte rôtit à 14h, les toits de zinc des bidonvilles qui s’accrochent à la cordillère amplifient la lumière solaire.