Le 3 avril 1993, encore une fois à la gare, prêt pour le départ.
Presque deux jours à Florencia. Ce séjour forcé arrivait à son terme et Villa Granate, située au cœur du Caquetá, entre jungle et llanos, m’attendait. Mais, poussé par la curiosité, et par le désir de démystifier l’histoire qui voulait m’envelopper, je voulais trouver des réponses, même si le temps pressait et j’avais réservé ma place dans un microbus qui partait à onze heures vers Curillo, où je devrais rester un autre jour avant de naviguer en aval le Rio ou le Fleuve Caquetá.
Dans le restaurant de la gare, j’ai cherché du regard la jeune fille aux yeux bleus qui m’avait servi la veille. Avait-elle envoyé quelqu’un me suivre lorsque je suis allé à l’Université? Avait-elle averti au réceptionniste de mes questions indiscrètes? Si je pouvais la confronter et tirer une conclusion pour pouvoir partir tranquille. Mais elle n’était pas là.

Juan Munoz, "Florencia Run" (2025)
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